Comprendre les troubles bipolaires

Les causes qui troublent l’humeur

L’humeur peut être perturbée par deux types de causes :

  • Soit par un événement psychologique
  • Soit par un événement biologique

En effet, la majorité des personnes s’imagine que la dépression est simplement l’expression d’un mal-être psychologique en réaction à une situation défavorable. Elles considèrent que la solution pour guérir de dépression est de se battre et se mobiliser, pour résister et résoudre cette situation défavorable. Par contre, ces personnes sont plus compréhensives et clémentes avec un individu déprimé suite au décès d’un proche.

La plupart des gens ne comprennent bien ni la dépression ni le trouble de l’humeur. Ces personnes ont une vision déformée du trouble de l’humeur en tant que phénomène !

      L’humeur est contrôlée par les systèmes biologiques de notre corps (les glandes, le système nerveux, le système biochimique, etc.). Ces systèmes fonctionnent ensemble dans un équilibre dynamique qui assure la bonne adaptation à l’environnement. Si cet équilibre est affecté, l’humeur peut aussi s’en ressentir. Par exemple, la diminution de la concentration des hormones thyroïdiens (spécifique à l’hypothyroïdie) conduit à un état de dépression.

 Certains médicaments peuvent entrainer aussi une dépression. Certains produits toxiques (les drogues) sont réputés pour leur potentiel perturbateur de l’humeur (excitation ou dépression), etc. Il faut donc retenir que le trouble de l’humeur peut être déclenché par la perturbation de l’équilibre biologique.

      Deux grands groupes de causes polarisent l’humeur au-delà de ses limites normales :

  • Les causes de nature biologique, responsables de la polarisation thymique bipolaire (vers les deux pôles, d’une manière alternative) et
  • Les causes de nature psychologique, responsables de la polarisation thymique unipolaire (vers un seul pôle de l’humeur)

La nature des causes à l’origine de la polarisation de l’humeur (psychologique ou biologique) est d’une importance capitale, car elle oriente le diagnostic, les traitements et les résultats.

Une erreur d’identification de la nature de la cause de polarisation de l’humeur entraînera des conséquences graves sur l’évolution thérapeutique des patients. 

C’est ainsi que beaucoup trop de patients souffrant d’un trouble de l’humeur d’origine psychologique sont soignés avec des traitements biologiques (médicaments), tandis que beaucoup trop de patients souffrant d’un trouble bipolaire d’origine biologique sont soignés avec des traitements psychologiques (psychothérapies). Cette erreur est très fréquente, elle affecte le capital santé et le capital de stabilité thymique.    

   Quand le trouble de l’humeur psychologique est soigné par un traitement biologique (avec les médicaments) il peut se transformer en trouble bipolaire, car l’équilibre biologique initial est modifié par les médicaments. C’est le cas d’une personne déprimée qui a souffert d’une rupture affective (séparation, divorce ou deuil) et qui est traitée depuis longtemps avec des antidépresseurs, et non par un traitement psychothérapeutique. Les antidépresseurs empêchent le travail de deuil et modifient l’équilibre biologique initial, et par conséquent l’équilibre thymique (de l’humeur) initial. Ce patient risque ainsi de récidiver dans le temps. J’ai vu beaucoup trop de personnes entrées en psychiatrie à cause d’un événement négatif qui avait «justifié» un traitement par antidépresseur, et qui ont développé par la suite des dépressions récurrentes et un trouble bipolaire.

Une autre situation fréquente : quand le trouble de l’humeur bipolaire est soigné par un traitement psychologique (la psychothérapie) qui n’a pas d’effet sur l’humeur, car il n’agit pas sur la cause biologique. Sans traitement biologique adapté, ce trouble bipolaire va persister, au risque d’aggravation. Souvent le trouble bipolaire débute par des épisodes légers. Ce sont surtout les passages dépressifs qui dérangent ; très souvent la psychothérapie semble être la solution, sauf qu’elle est contredite par la récidive.